Imaginez un monde où la colonisation des terres palestiniennes n’a jamais eu lieu, où les graines de la discorde n’ont jamais été plantées dans le sol de cette terre sacrée, un monde où ni Benjamin Netanyahu ni aucun autre visage de la colonisation n’ont jamais influencé le cours des événements. Que serait ce monde ? Quel souffle de paix aurait traversé ces collines millénaires et ces déserts dorés ? Pour explorer cette hypothèse, il faut se laisser emporter par le flot des possibles, un voyage à travers le temps et l’espace, là où l’histoire pourrait se transformer en une tapisserie de coexistence et d’espoir partagé.
Dans cette réalité alternative, Israël et Palestine ne se font pas face avec des murs de béton et des fils barbelés, mais se regardent avec des yeux pleins de curiosité et de respect. La naissance d’Israël, loin d’être un acte de division, devient une invitation à une rencontre, un point de départ pour une coexistence où les traumatismes d’hier ne définissent pas le futur. La souffrance du passé, gravée dans la mémoire des juifs qui cherchaient un refuge après l’horreur de l’Holocauste, ne devient pas une justification de nouvelles injustices, mais une inspiration pour la compassion. De l’autre côté, les Palestiniens, qui n’auraient pas connu l’exil et la dépossession, n’auraient pas grandi avec le sentiment d’être effacés de leur propre terre. Leurs chants seraient restés doux, leurs danses joyeuses.
Imaginez Jérusalem, la cité des pierres sacrées, où les appels à la prière, les carillons des cloches et les chants hébraïques se mêlent sans heurts dans un ciel partagé. Les rues de la vieille ville, plutôt que d’être des points de tension, deviennent des artères vivantes d’échange et de dialogue. Ici, les enfants grandissent en apprenant les récits des uns et des autres, pas comme des histoires en compétition, mais comme des branches d’un même arbre enraciné dans cette terre ancienne. Les mots d’un poète palestinien se posent doucement aux côtés des réflexions d’un écrivain israélien, et, dans les cœurs, il n’y a pas de place pour la haine, seulement pour la découverte.
Dans ce monde, la terre n’est pas une possession jalousement gardée, mais un trésor partagé. Les oliviers, vieux de plusieurs siècles, ne sont pas déracinés pour faire place à des colonies. Au lieu de cela, ils ombragent des villages où Palestiniens et Israéliens vivent côte à côte, où l’on partage l’eau du puits et le pain sorti du four. Les marchés bourdonnent de vie, remplis de couleurs, d’épices et de voix qui se croisent, parlant l’arabe et l’hébreu avec la même familiarité. Le pain pita se rompt avec la même bénédiction, les dattes se partagent avec le même sourire.
Dans cette réalité, le concept de l’autre, celui du « eux contre nous », s’effrite lentement. Les récits nationaux, construits par des décennies de douleur, commencent à se réécrire avec de nouvelles plumes. Un enfant israélien ne grandit pas avec la peur inculquée des intifadas et des roquettes. Un enfant palestinien n’est pas élevé avec la colère de l’occupation et la douleur de l’exil. Leurs identités ne se forgent pas dans la résistance contre un ennemi, mais dans la découverte de l’autre comme un compagnon de route. Peut-être auraient-ils inventé une langue hybride, un dialecte unique qui mélange l’arabe et l’hébreu, un reflet de leurs âmes entremêlées.
L’économie dans cette version du Levant n’est pas dévorée par les conflits ni détournée pour l’entretien des machines de guerre. Au lieu de cela, les champs d’Israël et de Palestine ne sont pas coupés par des murs, mais s’étendent sans rupture, fertiles et abondants. Les start-ups de Tel Aviv collaborent avec les entrepreneurs de Ramallah, et ensemble, ils innovent non seulement pour eux-mêmes, mais pour le monde entier. Les hôpitaux à Gaza et à Haïfa échangent des connaissances et des médecins, sauvant des vies, quelle que soit l’identité de ceux qu’ils traitent. Les écoles ne sont pas des lieux d’endoctrinement, mais des creusets d’apprentissage où l’on enseigne que la paix est un verbe, une action continue, un jardin à cultiver.
Et que dire de la psyché collective, de l’âme de ces deux peuples ? Comment auraient-ils vécu sans les cicatrices d’une guerre sans fin ? Peut-être que les poèmes de Mahmoud Darwich ne parleraient pas de l’exil, mais de l’amour partagé pour une même terre. Peut-être que les chansons d’amour israéliennes ne chanteraient pas la perte, mais la beauté de la coexistence. Les musées ne montreraient pas seulement les horreurs des guerres passées, mais aussi les fruits de la collaboration et de la réconciliation. Les visages sur les murs ne seraient pas ceux des martyrs et des soldats, mais ceux des sages et des bâtisseurs de paix.
Dans ce monde, l’empathie n’est pas un luxe, mais une norme. On ne voit pas l’autre à travers le prisme déformant de la peur et de la suspicion, mais à travers la lumière de la compréhension. Les différences religieuses ne deviennent pas des prétextes pour la séparation, mais des raisons de célébrer la diversité du divin. Les mosquées, les églises et les synagogues se dressent non pas comme des symboles de divisions, mais comme des temples de dialogue. Les chants religieux se répondent, non pas en rivalité, mais en harmonie.
Ce monde peut sembler une utopie, un rêve inaccessible dans le miroir brisé de notre réalité. Mais est-ce vraiment le cas ? Peut-être que la véritable utopie n’est pas dans l’idée d’une coexistence pacifique, mais dans l’acceptation fataliste que la paix est impossible. Car, après tout, chaque acte de violence, chaque mur érigé, chaque arbre arraché est un choix. Et de même, chaque acte de bonté, chaque pont construit, chaque main tendue est aussi un choix. Les peuples, tout comme les individus, sont capables de réécrire leur destin, de choisir la voie de la paix plutôt que celle de la peur.
Alors, à quoi ressemblerait ce monde si nous choisissions, à partir de maintenant, de marcher vers ce jardin des possibles ? Peut-être que ce ne serait pas un chemin facile ; peut-être que les blessures sont trop profondes, les haines trop anciennes. Mais si l’histoire nous a appris une chose, c’est que les cœurs peuvent changer, que les générations futures peuvent apprendre à désapprendre la haine. Peut-être que la paix est, après tout, un apprentissage constant, un art à pratiquer chaque jour, une symphonie inachevée.
Et si nous, en ce moment même, choisissions de croire que ce monde est possible, que cette utopie n’est pas un rêve lointain mais une réalité que nous pouvons atteindre, peut-être pourrions-nous commencer à planter les graines de cette terre nouvelle. Peut-être pourrions-nous, ensemble, réimaginer ce que signifie être humain, non pas contre l’autre, mais avec l’autre. Peut-être que dans cet acte de foi en l’humanité, nous trouverons enfin la clé d’une paix durable, celle qui résonne dans chaque pierre de Jérusalem, dans chaque feuille d’olivier, dans chaque cœur qui bat pour la justice et la dignité.
Dans le silence de ce rêve, que nous puissions entendre, enfin, le murmure de la paix que nous pouvons construire.
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