Gaza sous le feu : Israël annonce la destruction totale, la communauté internationale réagit

La bande de Gaza traverse l’une des pires crises humanitaires de son histoire. Depuis la reprise de son offensive le 18 mars, Israël a intensifié ses opérations militaires, amorçant une nouvelle phase majeure de son plan : la conquête totale et l’occupation durable de Gaza. Une annonce qui suscite une onde de choc mondiale.

Agnès Levallois : La sombre réalité de Gaza

Une offensive de grande ampleur

Dans la nuit de dimanche à lundi, le gouvernement israélien a validé une nouvelle étape de son offensive, marquée par le rappel de dizaines de milliers de réservistes. L’objectif officiel : éliminer le Hamas et reprendre le contrôle du territoire palestinien. Cette décision marque une rupture nette avec le désengagement de 2005, date à laquelle Israël avait retiré ses soldats et colons de la région.

L’armée israélienne prévoit également le déplacement massif des habitants vers l’extrême sud de la bande de Gaza, une zone déjà surpeuplée, suscitant les craintes d’un exode forcé. Le plan défendu par le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’inscrit dans une vision politique à long terme, dénoncée par de nombreux pays comme une volonté d’annexion déguisée.

Une réaction mondiale

L’intensification des bombardements a provoqué une levée de boucliers. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, s’est dit « profondément choqué », tandis qu’Amnesty International parle d’un « génocide en direct », documentant des homicides, des atteintes physiques et mentales graves, ainsi que des conditions de vie inhumaines imposées aux civils.

Israël réfute ces accusations, qualifiant Amnesty de « radicalement anti-israélienne ». Mais les critiques ne faiblissent pas. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé « une violation manifeste du droit international ». Même le forum des familles d’otages israéliens accuse le gouvernement Netanyahou de sacrifier les otages pour des ambitions territoriales.

Une situation humanitaire désastreuse

Le bilan humain est accablant. 52 567 Palestiniens – en majorité des civils – ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023, selon le ministère de la Santé local, des chiffres jugés fiables par l’ONU. Le Hamas a tué 1 218 personnes côté israélien lors de son attaque initiale.

Depuis le 2 mars, Israël bloque l’accès à l’eau, la nourriture, les médicaments et le carburant, plongeant Gaza dans une famine extrême. 2,1 millions de personnes, dont 65 % ont moins de 25 ans, sont piégées dans l’enclave. L’UNICEF alerte : 75 % des familles n’ont pas accès à une eau potable suffisante, les cas de malnutrition explosent, plus de 9 000 enfants ont déjà été traités pour malnutrition aiguë depuis janvier.

Les infrastructures sanitaires sont à l’agonie. Près de 3 000 enfants atteints de malnutrition sévère ne peuvent plus être soignés. Le Comité international de la Croix-Rouge tire la sonnette d’alarme : les opérations humanitaires sont sur le point de s’effondrer.

Trêve et négociations dans l’impasse

En janvier, un premier accord avait permis la libération de 33 otages israéliens contre 1 700 prisonniers palestiniens, mais la seconde phase, censée aboutir à une libération complète des otages et à un retrait militaire, a échoué. Israël a accepté un nouveau plan américain, que le Hamas a rejeté, exigeant le respect strict de l’accord initial.

Une fenêtre de négociation reste ouverte jusqu’à mi-mai, alors que se prépare une nouvelle offensive militaire et la visite du président américain Donald Trump dans la région du 13 au 16 mai. Pour la première fois, Washington aurait engagé des contacts directs avec le Hamas, via son envoyé spécial.

Le Qatar poursuit ses efforts de médiation, mais selon les diplomates, les négociations sont au point mort.

Une tension à son comble

Alors que la communauté internationale multiplie les appels au cessez-le-feu, la situation semble s’enliser dans un chaos meurtrier. Le sort des civils de Gaza reste dramatique, entre bombardements incessants, pénuries absolues et avenir incertain. La pression monte sur Israël pour mettre fin à son offensive. Mais sur le terrain, la destruction se poursuit.