Le 9 novembre 2023, la vie de Mir Brushing, professeur d’histoire et d’éducation civique, bascule. Enseignant depuis 36 ans, il reçoit un appel terrifiant de la police de Jérusalem : il est convoqué pour interrogatoire, suspecté de « trahison » contre l’État d’Israël. Son crime ? Avoir osé dénoncer les horreurs commises à Gaza, avoir montré les visages, les vies détruites derrière les statistiques.
« Ils doivent savoir ce qui est fait en leur nom »
Sur sa page Facebook, Mir Brushing partage des images déchirantes, des photos qui donnent un visage aux victimes palestiniennes. Il poste, entre autres, l’image d’un bébé de la famille Abou Daca, tué lors d’un bombardement israélien en octobre 2023. « Je voulais que les Israéliens sachent ce qui est fait en leur nom », explique-t-il, la voix tremblante d’émotion. Il cherche à éveiller les consciences, à montrer l’humanité de ceux que beaucoup préfèrent voir comme des ennemis sans visage. Mais dans un pays où la majorité soutient la guerre, son acte est perçu comme une trahison.
Le système s’abat alors sur lui. Mir est classé « détenu à haut risque », jeté dans une cellule d’isolement, sans fenêtre. Pendant les nuits, il entend les cris des autres prisonniers, parmi lesquels des adolescents de 15 ou 16 ans. Les pleurs de ces jeunes marquent son esprit à jamais.
Rejeté par sa communauté, humilié par son pays
Les conséquences de son engagement sont terribles. Il est publiquement humilié, licencié de son poste le 19 octobre 2023, puis interdit d’enseignement dans tout le pays. Même une partie de sa propre famille refuse désormais de lui parler. « Chaque fois que je sors, je regarde sous ma voiture, pour m’assurer qu’aucun engin explosif n’y a été placé. »
Au lycée Isaac Shamir, où il enseigne, ses élèves refusent de lui parler. Pire, ils l’encerclent, l’insultent, lui crachent dessus. « J’ai continué à marcher droit, comme si je quittais mon propre corps. » Mir espère que ces jeunes comprendront un jour l’inhumanité de leur comportement, de leur haine envers les Palestiniens.
Un combat solitaire
Malgré tout, Mir n’est pas totalement seul. Quatre de ses collègues le soutiennent, dont Eric, un fervent partisan de Netanyahou. Leur désaccord est total, mais ils maintiennent un dialogue, car, comme le dit Eric en citant Descartes, « je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. »
Pourtant, ces voix sont rares dans une société israélienne profondément divisée. La majorité du peuple a voté pour Benyamin Netanyahou, et beaucoup refusent d’admettre l’atrocité des bombardements à Gaza. « À chaque fois que vous essayez de parler aux gens du massacre d’innocents à Gaza, ils sont incapables d’empathie », se lamente Mir.
Un symbole de la désintégration morale d’Israël
Mir ne se bat pas uniquement pour la justice des Palestiniens, mais pour l’âme même d’Israël. Pour lui, ce feu de haine et de destruction qui consume Gaza symbolise la société israélienne qui s’autodétruit. « Nous avons atteint le niveau le plus bas de la moralité dans l’histoire du peuple juif », dit-il avec une douleur palpable. Sa voix est celle d’un homme blessé, rejeté par les siens, mais déterminé à poursuivre son combat, malgré tout.
Mir Brushing est devenu un symbole, celui d’une résistance morale dans une société qui semble avoir perdu son humanité. Ses paroles résonneront à travers les générations, car un jour, comme il le dit si bien, « les enfants demanderont à leurs parents : comment avez-vous pu ne pas vous opposer à cette folie ? »
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