L’auteure lauréate du prix Pulitzer, Jhumpa Lahiri, a décliné le prestigieux prix Isamu Noguchi 2024 en signe de protestation contre une nouvelle politique vestimentaire imposée par le musée Noguchi à New York. Cette politique, qui interdit aux employés de porter des symboles politiques, a conduit au licenciement de trois employés pour avoir arboré le keffieh, un symbole de solidarité avec la cause palestinienne.
Une réponse à la censure vestimentaire
Le musée Noguchi a récemment annoncé une nouvelle règle interdisant aux employés de porter des vêtements ou des accessoires exprimant des « messages, slogans ou symboles politiques ». En réaction, Jhumpa Lahiri a décidé de retirer son acceptation du prix, une décision confirmée par le musée dans une déclaration rapportée par le New York Times.
« Jhumpa Lahiri a choisi de retirer son acceptation du prix Isamu Noguchi 2024 en réponse à notre politique vestimentaire mise à jour », a déclaré le musée. Cette prise de position a été largement saluée par ceux qui considèrent que cette nouvelle politique viole la liberté d’expression et cible indirectement des symboles de soutien à la Palestine.
Pulitzer winner Jhumpa Lahiri declines award over New York museum’s keffiyeh ban | Reuters#Gaza #Genocide #Nakba https://t.co/TOomo6Bsb6
— Noura Erakat (@4noura) September 26, 2024
Soutien aux étudiants et manifestations
Lahiri, née à Londres et professeure d’anglais à l’Université de Columbia, s’est toujours montrée solidaire des mouvements de défense des droits palestiniens. En mai dernier, elle faisait partie des milliers d’universitaires qui ont signé une déclaration soutenant les étudiants, enseignants et personnels protestant pacifiquement contre la guerre israélienne à Gaza.
Cette solidarité s’est encore manifestée lorsque plus de 50 employés du musée Noguchi ont signé une pétition pour dénoncer la nouvelle politique vestimentaire. Ils ont également organisé une grève pour exprimer leur opposition à cette décision, estimant que l’interdiction du keffieh représentait un geste politique en soi.
Le musée défend sa position
Malgré les critiques, Amy Hau, directrice du musée, a défendu la politique en affirmant qu’elle visait à éviter « l’aliénation involontaire de notre public diversifié ». Elle a également insisté sur le fait que la mission principale du musée restait la promotion de l’art et de l’héritage du sculpteur Isamu Noguchi, tout en maintenant des valeurs d’inclusivité et de neutralité politique.
Cependant, cette justification a été jugée hypocrite par de nombreux critiques, qui y voient une tentative maladroite de censurer des symboles culturels et politiques. Natalie Cappellini, l’une des employées licenciées, a dénoncé ce qu’elle a appelé « l’ironie stupide » d’une telle interdiction dans un musée fondé par un artiste qui a lui-même souffert d’injustices politiques. Noguchi, d’origine japonaise-américaine, s’était volontairement interné dans un camp pendant la Seconde Guerre mondiale en solidarité avec d’autres Américains d’origine japonaise persécutés.
Un débat sur la liberté d’expression
Cette controverse s’inscrit dans un contexte plus large de censure de la solidarité avec la Palestine aux États-Unis, notamment dans les institutions académiques et culturelles. Le refus de Jhumpa Lahiri d’accepter le prix Isamu Noguchi soulève des questions sur la manière dont les institutions culturelles abordent les symboles politiques, et sur le rôle que jouent ces dernières dans la liberté d’expression et la justice sociale.
En refusant ce prix, Lahiri envoie un message fort en soutien à ceux qui luttent contre l’oppression, que ce soit en Palestine ou ailleurs. Son geste reflète une résistance croissante face à la répression des symboles de solidarité, en particulier dans un contexte où de nombreuses voix s’élèvent contre l’occupation israélienne et les violences à Gaza.
En savoir plus sur Free Palestine
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Un commentaire