Dans un monde marqué par de nombreux conflits, il est flagrant que toutes les vies n’ont pas la même valeur aux yeux des médias et des puissances politiques. La guerre en Ukraine, la crise humanitaire en Palestine, les conflits au Soudan et en République Démocratique du Congo (RDC) nous montrent un traitement inégal des victimes en fonction de leur origine géographique et culturelle. Cet article s’interroge sur la hiérarchisation des vies humaines et le racisme humanitaire qui en découle.
- Une hiérarchie des vies bien ancrée
- Des propos révélateurs d’une discrimination enracinée
- Un fossé entre les crises occidentales et les autres
- La Palestine, un exemple frappant d’indifférence internationale
- L’Afrique, une région négligée
- Un traitement inégal des réfugiés
- L’urgence de rétablir l’égalité des vies
Une hiérarchie des vies bien ancrée
Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les médias occidentaux ont rapidement réagi avec une couverture continue et une mobilisation humanitaire sans précédent. En quelques jours, l’Ukraine a récolté plus de 6 milliards d’euros pour soutenir ses 38 millions d’habitants. Ce soutien massif contraste brutalement avec l’indifférence relative qui entoure d’autres conflits, notamment en Afrique ou au Moyen-Orient. À titre de comparaison, en RDC, où la population souffre d’une crise humanitaire aiguë, seuls 876 millions de dollars ont été récoltés sur les 1,98 milliard demandés en 2021, malgré une population trois fois plus importante.
Ce traitement différencié a été mis en lumière par des déclarations choquantes dans les médias, où certains journalistes ont ouvertement souligné la « ressemblance » des Ukrainiens avec les Européens, les décrivant comme des réfugiés de « qualité » à la différence des Syriens ou des Africains. Cette rhétorique révèle une hiérarchisation des vies, où les Occidentaux, par leur proximité culturelle et géographique, sont perçus comme plus dignes d’intérêt que les populations du Sud global.
Des propos révélateurs d’une discrimination enracinée
Certains commentateurs n’ont pas hésité à affirmer que les réfugiés ukrainiens méritaient plus d’empathie car ils « partagent notre espace civilisationnel » et « ne sont pas comme les Syriens ou les Africains ». Ces propos, tenus à des heures de grande écoute, reflètent un sentiment profondément ancré selon lequel les vies occidentales sont plus précieuses que celles des populations du Moyen-Orient ou de l’Afrique.
Amina Kalash, lors de son intervention sur la vidéo Palestine, Ukraine, Soudan, Congo : Quand les médias et les politiques font une hiérarchie des vies, a évoqué la notion de racisme humanitaire. Ce concept désigne l’attitude discriminatoire dans la gestion des crises humanitaires, où les réponses varient selon l’origine des victimes. Les guerres en Syrie, au Yémen, en Palestine, ou encore en Afrique, ne reçoivent une attention internationale que lorsque les pertes humaines deviennent massives et incontrôlables. Même dans ce cas, le traitement reste souvent superficiel, réduit à des données chiffrées ou des infographies reléguées en fin de journal télévisé.
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Un fossé entre les crises occidentales et les autres
La guerre en Ukraine a mis en lumière l’énorme écart entre la mobilisation internationale pour les conflits européens et celle pour les crises qui ravagent des régions comme le Soudan, la Palestine ou le Congo. Le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, Volker Türk, a récemment dénoncé ce qu’il appelle la loi du mort-kilomètre, où les tragédies qui se déroulent loin des yeux des Occidentaux suscitent moins d’empathie et d’action.
Cet eurocentrisme, que certains qualifient de xénophobie humanitaire, est renforcé par des structures de pouvoir bien établies, souvent héritées du colonialisme et de l’esclavage. Malgré les progrès réalisés dans certains domaines, les inégalités restent frappantes. En 2022, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a été l’un des premiers responsables à dénoncer publiquement cette situation, affirmant que « le monde ne traite pas les êtres humains de la même manière ». Il a souligné que les crises en Afrique, comme celle au Tigré en Éthiopie, reçoivent nettement moins d’attention que la guerre en Ukraine, non pas parce qu’elles sont moins graves, mais parce que les victimes sont des Noirs.
La Palestine, un exemple frappant d’indifférence internationale
La Palestine incarne depuis plus de 75 ans cette injustice systémique. Les Palestiniens, qui subissent une occupation militaire, des attaques aériennes régulières, des confiscations de terres et des arrestations arbitraires, ne bénéficient que rarement d’une couverture médiatique de la même ampleur que les crises en Europe. Le conflit israélo-palestinien est souvent présenté comme une question complexe, justifiant ainsi l’indifférence et l’inaction face à une crise humanitaire qui persiste depuis des décennies.
L’ONU a qualifié à plusieurs reprises la situation à Gaza de pire crise humanitaire au monde, mais cela n’a jamais conduit à une mobilisation de l’ampleur de celle observée pour l’Ukraine. La vie des Palestiniens semble peser moins lourd sur l’échelle des priorités internationales, une réalité déchirante pour des millions de familles vivant sous l’occupation ou dans les camps de réfugiés.
L’Afrique, une région négligée
Le continent africain est également le théâtre de nombreuses crises oubliées. La RDC, avec ses richesses naturelles et ses conflits armés, est l’un des pays les plus touchés par la famine et la violence. Au Soudan, plus de 25 millions de personnes souffrent de la faim aiguë, et des millions de personnes ont été déplacées par la guerre. Pourtant, ces crises, qui touchent des populations africaines, reçoivent une fraction de l’aide internationale attribuée à l’Ukraine.
L’ONG norvégienne Norwegian Refugee Council a publié en 2022 une liste des dix crises humanitaires les plus négligées dans le monde : toutes étaient situées en Afrique. Cela témoigne d’une indifférence chronique envers les souffrances des populations africaines, considérées comme moins prioritaires par les instances internationales et les médias.
Un traitement inégal des réfugiés
La crise des réfugiés met également en lumière cette hiérarchisation des vies. Les réfugiés ukrainiens, accueillis à bras ouverts en Europe, sont souvent décrits comme des intellectuels, des Européens de qualité, tandis que les réfugiés syriens, afghans ou africains sont perçus comme une menace pour la stabilité et la sécurité des pays occidentaux. Le discours de Marine Le Pen, qui refuse l’accueil de réfugiés non européens, illustre cette vision : on distingue les bons réfugiés (Européens) des mauvais réfugiés (Africains, Arabes).
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L’urgence de rétablir l’égalité des vies
Cette hiérarchie des vies humaines n’est pas seulement une question de traitement médiatique, elle a des conséquences bien réelles sur la gestion des crises, l’attribution des ressources et la mise en place des aides humanitaires. Si les pays occidentaux, les médias et les institutions internationales continuent à privilégier certaines crises en fonction de la proximité culturelle ou géographique, des millions de personnes resteront abandonnées à leur sort, victimes d’un système profondément injuste.
La réponse internationale aux crises devrait être guidée par l’urgence humanitaire et non par des critères raciaux ou géopolitiques. Pour cela, il est nécessaire de déconstruire cette hiérarchisation des vies et de redonner à chaque être humain la dignité qu’il mérite, peu importe son origine.
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