À quelques jours des élections du 13 octobre 2024, la Belgique se trouve face à des choix politiques majeurs, notamment concernant sa position sur le conflit israélo-palestinien. Ce conflit, qui a pris une tournure dramatique ces derniers mois, avec 85 % de Gaza bombardé et des accusations de génocide contre Israël, divise profondément la classe politique belge. Free-Palestine.News a adressé un questionnaire à plusieurs partis politiques pour éclaircir leurs positions sur cette question cruciale.
Netanyahou et la guerre totale : la haine destructrice contre les Palestiniens
Les questions posées aux partis politiques
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Quelle est votre position personnelle concernant la reconnaissance d’un État palestinien par la Belgique ? Êtes-vous favorable ou défavorable à une telle reconnaissance ?
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Pensez-vous que la Belgique devrait cesser de traiter Israël comme un partenaire privilégié tant que la colonisation des territoires palestiniens se poursuit, ou estimez-vous que les intérêts économiques et diplomatiques doivent primer sur les questions de droits de l’homme dans ce contexte ?
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Avec 85 % de Gaza bombardé et des accusations de génocide à l’encontre d’Israël, pensez-vous que la communauté internationale, y compris la Belgique, devrait envisager une intervention militaire pour imposer un cessez-le-feu et stopper les attaques israéliennes ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
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En tant que représentant politique belge, soutenez-vous explicitement la solution à deux États comme issue au conflit israélo-palestinien ? Si oui, quelles mesures concrètes devez-vous promouvoir pour y parvenir ?
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La Cour pénale internationale (CPI) a requis un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et des dirigeants du Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. Pensez-vous que la Belgique, ainsi que les autres pays occidentaux, devraient soutenir activement l’extradition et la traduction de Netanyahou devant la CPI pour répondre de ces accusations ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
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Pensez-vous que votre position personnelle sur le conflit israélo-palestinien est alignée avec celle de votre parti, ou craignez-vous que des divergences puissent nuire à votre positionnement au sein de celui-ci ?
Réponses des partis politiques
Nous avons contacté certains représentants politiques des différents partis belges afin de connaître leurs positions sur la résolution du conflit israélo-palestinien. Vous trouverez ici l’intégralité de leurs réponses, ainsi que leurs visions et propositions pour une solution juste et durable. Ces contributions offrent un aperçu des perspectives politiques en Belgique concernant cet enjeu crucial.
Team Fouad Ahidar (Team Ahidar)
Fouad Ahidar, connu pour ses positions claires et tranchées, ne mâche pas ses mots concernant le conflit israélo-palestinien. Il appelle à une action immédiate et rejette les discours creux qui, selon lui, n’ont mené à aucune amélioration concrète pour le peuple palestinien.
Réponses de Fouad Ahidar
Mes positions sont claires :
- Reconnaître l’État de Palestine.
- Stopper toute coopération avec ce gouvernement criminel.
- Netanyahou doit être jugé et condamné pour crimes de guerre et massacre de masse.
- Tous ces écrits et débats sont inutiles. Il est temps de passer à l’action.
La Team Fouad Ahidar a récemment porté plainte contre Georges-Louis Bouchez, le président du MR, pour « apologie du terrorisme » après qu’il a qualifié une attaque israélienne contre le Hezbollah de « coup de génie« . Ce geste fort montre que le parti ne tolère aucun soutien à des actions militaires violentes qui touchent des civils.
La Team Fouad Ahidar porte plainte contre Georges-Louis Bouchez pour « apologie du terrorisme »
Ahmed El Khannouss et le mouvement Molenbeek Autrement-Molenbeek Anders
Ahmed El Khannouss, leader du mouvement Molenbeek Autrement, adopte une position tout aussi ferme que celle de Fouad Ahidar, dénonçant un « génocide en cours à Gaza » et appelant à des mesures drastiques pour mettre fin à la tragédie humanitaire.
Réponses de Ahmed El Khannouss
« En résumé, pour notre mouvement Molenbeek Autrement-Molenbeek Anders, il n’y a aucune ambiguïté à avoir par rapport à notre position sur la colonisation de la Palestine et sur le génocide qui est en cours à Gaza.
Nous défendons le droit du peuple palestinien à l’autodétermination qui doit amener les Palestiniens à constituer leur état de Palestine aux frontières de 1967 avec Jérusalem est comme capitale, tel que définis par plusieurs résolutions de l’ONU.
D’ailleurs, nous souhaitons que la Belgique, comme l’ont fait de nombreux états dans le monde reconnaisse l’état de Palestine dans les plus brefs délais.
Enfin, au moment où j’écris les grandes lignes de notre position, un véritable génocide est en cours à Gaza et nous souhaitons que la Belgique prenne l’initiative au niveau européen d’initier des mesures contraignantes pour mettre fin à l’innommable et faire en sorte, que les responsables soient traduit devant la cour pénale internationale afin de rendre des comptes. »
Ecolo
Ecolo reste fidèle à ses principes de respect du droit international et des droits de l’homme, appelant à une reconnaissance de la Palestine et à des sanctions contre Israël pour ses violations répétées des résolutions internationales.
Réponses d’Ecolo
Q. Quelle est votre position personnelle concernant la reconnaissance d’un État palestinien par la Belgique ? Êtes-vous favorable ou défavorable à une telle reconnaissance ?
R. Ecolo soutient complètement la reconnaissance d’un État palestinien. La majorité des États du monde ont réalisé cette reconnaissance. Seuls les pays occidentaux continuent de freiner cette étape fondamentale pour la population palestinienne. Il est plus que temps que les choses avancent.
Q. Pensez-vous que la Belgique devrait cesser de traiter Israël comme un partenaire privilégié tant que la colonisation des territoires palestiniens se poursuit, ou estimez-vous que les intérêts économiques et diplomatiques doivent primer sur les questions de droits de l’homme dans ce contexte ?
R. Les violations répétées du droit international par divers gouvernements successifs doivent faire l’objet de sanctions. Rien que l’interdiction d’importation des produits issus des colonies est un minimum.
Q. Avec 85 % de Gaza bombardé et des accusations de génocide à l’encontre d’Israël, pensez-vous que la communauté internationale, y compris la Belgique, devrait envisager une intervention militaire pour imposer un cessez-le-feu et stopper les attaques israéliennes ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
R. Une telle intervention est très peu probable: seul le Conseil de sécurité de l’ONU peut décider cette opération, et il est certain que les États-Unis y opposeront leur droit de veto. Ce n’est que via la diplomatie et l’usage des leviers diplomatiques que nous pourrons avancer. Regardons d’ailleurs l’histoire: c’est grâce à la diplomatie que le Moyen-Orient a pu connaître des avancées et des périodes de stabilité dans le passé. Jamais avec des actions unilatérales, qui prétendent « redessiner la région » mais ne font qu’ajouter du chaos au chaos.
Q. En tant que représentant politique belge, soutenez-vous explicitement la solution à deux États comme issue au conflit israélo-palestinien ? Si oui, quelles mesures concrètes devez-vous promouvoir pour y parvenir ?
R. La solution à deux États est la seule à même à parvenir à une sortie de crise durable. La reconnaissance de l’État de Palestine est un outil. Mais ce n’est pas assez. Il faut aussi traiter de la question des colonies et du retour des réfugiés, ainsi que la viabilité économique de la Palestine. Si une solution à deux États existe avec une Palestine exsangue, ce n’est pas une solution. Nous devons donc faire comprendre à Israël que son intérêt, sa stabilité, sa sécurité passe par cet avènement.
Q. La Cour pénale internationale (CPI) a requis un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et des dirigeants du Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. Pensez-vous que la Belgique, ainsi que les autres pays occidentaux, devraient soutenir activement l’extradition et la traduction de Netanyahou devant la CPI pour répondre de ces accusations ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
R. La boussole des écologistes, est celle du droit international. Et nous ne pouvons plus continuer avec les doubles standards. Nous demandons à ce que Poutine soit jugé pour les crimes dont il est accusé. Nous devons faire de même pour les responsables d’atrocités partout ailleurs. Cela vaut pour les personnes du Hamas poursuivies la justice internationale. Cela vaut aussi évidemment pour les responsables israéliens également poursuivis. Sinon, nous ne ferons que promouvoir de l’injustice internationale. Nous nous y opposons fermement.
Q. Pensez-vous que votre position personnelle sur le conflit israélo-palestinien est alignée avec celle de votre parti, ou craignez-vous que des divergences puissent nuire à votre positionnement au sein de celui-ci ?
R. Les écologistes sont totalement alignés avec ces divers points avancés. Nous n’avons aucune ambiguïté sur ce sujet.
Parti du Travail de Belgique (PTB)
Le PTB, connu pour ses positions anticapitalistes et solidaires des mouvements de libération, est particulièrement vocal sur la question palestinienne. Marc Botenga, député au Parlement européen, a dénoncé avec force l’inaction face à ce qu’il appelle un « génocide » à Gaza.
Marc Botenga au Parlement européen : le cri déchirant contre l’inaction face au génocide à Gaza
Parti Socialiste (PS)
Malgré plusieurs relances, le PS n’a pas répondu officiellement à notre questionnaire. Toutefois, en mai 2024, Ahmed Laaouej, chef de groupe PS, a pris position au Parlement, appelant à un geste fort face à l’offensive israélienne à Rafah, dans le sud de Gaza. Il a exhorté le gouvernement belge à rappeler son ambassadeur en Israël, un acte symbolisant une rupture des relations diplomatiques. Le PS plaide également pour une reconnaissance bilatérale de la Palestine en tant qu’État et estime que la Belgique doit cesser de se limiter à rallier les autres États européens, mais adopter une position plus ferme. « Il faut parler aux Israéliens dans le seul langage qu’ils comprennent, celui du rapport de forces« , a affirmé Ahmed Laaouej.
Les partis restés silencieux
Certains partis, comme Vooruit, Les Engagés, et le MR, n’ont pas répondu à nos sollicitations, malgré nos deux courriels. Ce silence laisse supposer un certain malaise sur la question du conflit israélo-palestinien au sein de ces formations politiques.
Apologie de crimes de guerre de la part du président du @MR_officiel @GLBouchez, qui se félicite des attentats aux beepers sans un mot pour les victimes civiles, à rebours de la position du chef de la diplomatie de l’UE @JosepBorrellF et du SG de l’ONU @antonioguterres. pic.twitter.com/fkt1hBOl1G
— Grégory Mauzé (@MauzeGreg) September 24, 2024
Les élections du 13 octobre 2024
Le conflit israélo-palestinien est devenu un enjeu central à l’approche des élections belges de 2024. Plusieurs partis, comme Ecolo, le PTB, Molenbeek Autrement et la Team Fouad Ahidar, ont clairement pris position en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine et de sanctions contre Israël. À l’inverse, d’autres partis, comme le MR, ont adopté une approche plus équilibrée, en reconnaissant le droit d’Israël à se défendre tout en appelant à la modération.
Ce débat montre l’importance croissante de la question palestinienne dans la politique belge, et la pression qui pèse sur les dirigeants pour prendre des mesures conformes au droit international et aux principes des droits de l’homme.
Si vous souhaitez que la position de votre parti soit publiée dans cet article, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse contact@free-palestine.news.
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