Dans sa première chronique pour l’émission Backseat, intitulée « Les mots me manquent », Edwy Plenel livre un témoignage poignant sur les horreurs du monde contemporain, en particulier le conflit israélo-palestinien, la violence systémique, et les inégalités sociales. La vidéo, diffusée sur YouTube, frappe par son intensité émotionnelle et sa profondeur intellectuelle, avec un message fort sur l’importance de l’égalité et de la justice universelle.
Des mots pour décrire l’indicible
Plenel, célèbre journaliste et fondateur de Mediapart, commence par exprimer son impuissance face aux atrocités qui défilent devant lui, notamment les 11 000 enfants morts à Gaza depuis un an, ou encore les 130 journalistes tués dans la région. Il décrit la destruction d’un territoire, de ses lieux de vie, de bonheur et d’amour, en évoquant les crimes commis à Gaza, tout en rappelant que ces actes n’excusent en rien ceux perpétrés contre des civils israéliens.
Les mots lui manquent également lorsqu’il entend les propos d’un ministre israélien qualifiant la population de Gaza d’ »animaux humains ». Ce langage, pour Plenel, est une forme de déshumanisation qui participe à l’extension de la barbarie.
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Un monde d’indifférence et de ressentiment
Edwy Plenel dénonce avec force l’hypocrisie de certains gouvernements et institutions qui appliquent un double standard flagrant dans leur défense du droit international. Il pointe du doigt la manière dont les puissances occidentales, notamment les États-Unis et l’Europe, condamnent fermement l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en insistant sur la violation de la souveraineté nationale et le respect des droits de l’homme. Cependant, ces mêmes acteurs restent silencieux, voire complices, lorsqu’il s’agit des actions d’Israël contre la Palestine. Cette inégalité de traitement, selon Plenel, mine la crédibilité des discours sur la justice internationale et crée un fossé grandissant entre le Nord et le Sud global.
Pour Plenel, cette partialité n’est pas sans conséquence. Il avertit que ce manque de cohérence dans la défense des principes universels suscite un profond ressentiment dans le monde, en particulier dans les pays du Sud et les sociétés touchées par ces conflits. Il compare cette situation aux répercussions de l’invasion de l’Irak par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. La politique américaine, qui se présentait comme une lutte contre le terrorisme, a entraîné un chaos régional et mondial, tout en alimentant la colère et le sentiment d’injustice dans de nombreux pays musulmans. Plenel voit dans cette hypocrisie occidentale actuelle un danger similaire : un ressentiment global qui pourrait, tôt ou tard, exploser et entraîner de nouvelles crises internationales.
L’égalité comme boussole
Face à ce chaos mondial, Edwy Plenel s’accroche à l’idée d’égalité, qu’il décrit comme une boussole morale essentielle dans un monde de plus en plus fracturé. Pour lui, l’égalité est le socle sur lequel repose la justice sociale, un principe qui permet de combattre non seulement les inégalités socio-économiques, mais aussi les discriminations de toutes sortes, que ce soit sur la base de l’origine, de la religion ou du genre. C’est cette valeur qui, selon Plenel, doit guider l’action collective à l’échelle nationale et internationale, car elle garantit une véritable cohésion entre les peuples.
Plenel pousse la réflexion plus loin en inventant le terme illimitisme. Ce mot nouveau désigne l’incapacité des puissants, qu’ils soient gouvernants ou grandes entreprises, à accepter des limites à leur pouvoir ou à leurs actions, qu’il s’agisse de décisions politiques, de l’exploitation économique ou des atteintes écologiques. L’illimitisme traduit cette frénésie de l’accumulation et du contrôle, sans considération pour les autres ou pour la planète.
Pour Plenel, il est essentiel de savoir « s’empêcher », c’est-à-dire de s’imposer des freins, de reconnaître des limites. Cette idée d’autodiscipline est cruciale pour créer une coexistence plus harmonieuse, respectueuse des droits et de la dignité de chacun, tout en protégeant l’environnement.
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