Agnès Levallois : La sombre réalité de Gaza

6 min


100
70 partages, 100 points

Dans une vidéo percutante publiée par Élucid, Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient et vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée-Moyen-Orient (IREMMO), décrit avec force l’ampleur des destructions massives perpétrées contre Gaza. Son analyse plonge dans la tragédie actuelle qui bouleverse cette enclave palestinienne, un territoire déjà étranglé par un blocus impitoyable. L’experte évoque l’effacement progressif d’une population tout entière, une déshumanisation orchestrée sous couvert d’une guerre asymétrique.

La volonté de détruire Gaza

Pour Agnès Levallois, les bombardements israéliens sur Gaza s’inscrivent dans une stratégie claire : rendre la vie impossible dans cette bande de terre déjà meurtrie. « L’idée, c’est vraiment de raser Gaza », explique-t-elle, soulignant l’indifférence croissante à l’égard des victimes civiles, dont de nombreux enfants. Ce processus de destruction ne vise pas seulement les infrastructures militaires du Hamas, mais s’étend à la société civile, y compris les journalistes et les humanitaires, devenus eux-mêmes des cibles.

Levallois rappelle que plus de 200 journalistes ont été tués depuis le début des bombardements. Ces journalistes, principalement Palestiniens, sont les derniers témoins des atrocités commises dans une zone d’où les médias internationaux sont en grande partie exclus. Selon elle, la volonté d’empêcher l’accès à ces témoins souligne une intention de cacher l’horreur des crimes de guerre.

Agnès Levallois La sombre réalité de Gaza

Une guerre asymétrique

La guerre à Gaza, que l’experte qualifie de « hors norme », met en lumière une asymétrie évidente entre les belligérants. D’un côté, Israël, soutenu par une alliance stratégique solide avec les États-Unis, bénéficie d’un arsenal militaire parmi les plus sophistiqués au monde. Drones armés, missiles de précision, systèmes de défense aérienne et renseignement avancé permettent à l’armée israélienne de mener des frappes massives avec une puissance de feu incomparable. Israël a accès à la technologie militaire la plus avancée, capable de cibler des zones précises tout en menant des opérations à grande échelle. Cette supériorité technologique et logistique s’accompagne d’un soutien diplomatique fort, notamment des États-Unis, qui fournissent régulièrement des munitions et des équipements, renforçant ainsi la machine de guerre israélienne.

De l’autre côté, le Hamas, avec des ressources limitées, ne peut en aucun cas rivaliser sur le même terrain. Ses combattants sont équipés d’armes rudimentaires, principalement des roquettes artisanales et des tunnels souterrains pour contourner la supériorité aérienne israélienne. Son manque d’armement moderne et d’infrastructures militaires sophistiquées le place dans une position de grande vulnérabilité face aux frappes israéliennes, souvent massives et imprévisibles. Cette disproportion génère une violence démesurée, accentuée par l’absence de moyens de défense efficaces pour la population civile palestinienne. Ce rapport de force inégal conduit à des représailles brutales, où chaque attaque du Hamas, bien que peu comparable en termes d’intensité, est suivie d’une réponse militaire israélienne dévastatrice.

Israël intensifie ses frappes à Jabalia : des civils piégés dans un carnage sans précédent

La question du génocide

L’usage du terme « génocide » pour décrire la situation à Gaza devient de plus en plus fréquent, tant parmi les militants des droits de l’homme que chez certains intellectuels israéliens eux-mêmes. Des figures respectées comme Yehuda Bauer, spécialiste de la Shoah, et Omer Bartov, historien de renommée internationale, ont ouvertement évoqué la possibilité que les actions d’Israël à Gaza puissent être qualifiées ainsi. Selon eux, la campagne de bombardements israéliens, associée au blocus permanent qui affame et prive la population de ressources vitales, pourrait s’apparenter à une tentative d’éradiquer un peuple en détruisant non seulement ses infrastructures, mais également sa capacité à survivre.

Agnès Levallois reste toutefois mesurée dans l’utilisation de ce terme lourd de sens. Elle insiste sur la nécessité d’une analyse approfondie par des juristes spécialisés en droit international. Selon elle, la situation à Gaza correspond déjà aux critères de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, définis par le droit international comme des actes délibérés contre des populations civiles. Cependant, la reconnaissance officielle du génocide nécessite une preuve claire de l’intention d’extermination totale d’un groupe ethnique, une démonstration encore en cours. Levallois met ainsi en avant la complexité juridique et morale de cette qualification, tout en soulignant la gravité extrême des violations en cours, qui imposent un examen international rigoureux et impartial.

Un avenir incertain pour Gaza et le Moyen-Orient

Un avenir incertain pour Gaza et le Moyen-Orient

Agnès Levallois pose une question fondamentale qui concerne à la fois l’avenir de Gaza et la stabilité de tout le Moyen-Orient : comment Israël peut-il espérer assurer sa sécurité en annihilant Gaza ? Cette question met en lumière les limites stratégiques et morales de la politique israélienne, basée sur la force et la destruction. En dévastant Gaza, non seulement Israël prive les Palestiniens de toute possibilité de vie normale, mais il alimente également une haine profonde et durable qui, loin de s’éteindre, pourrait se traduire par des cycles incessants de violence. Levallois souligne que la sécurité d’Israël est indissociable de la sécurité des Palestiniens, et qu’aucune paix durable ne pourra émerger tant que les droits fondamentaux des Palestiniens ne seront pas respectés.

L’incroyable cri d’alarme d’Edwy Plenel : quand les mots ne suffisent plus !

La politique actuelle d’Israël, axée sur des opérations militaires répétées et des blocus qui affament et isolent Gaza, conduit à un isolement politique de plus en plus prononcé sur la scène internationale. Si Gaza est réduite en ruines, les conséquences iront bien au-delà de ses frontières. Levallois craint que cette stratégie ne fasse qu’envenimer le conflit et engendrer une radicalisation accrue non seulement parmi les Palestiniens, mais aussi dans les pays voisins. La région tout entière, déjà déstabilisée par de multiples crises, pourrait voir naître de nouveaux foyers de tensions, alimentés par un sentiment d’injustice profondément ancré dans la population palestinienne et ses alliés régionaux.

Mahmoud Abbas à l’ONU : un cri pour la Palestine face à l’occupation et à la souffrance

L’experte insiste également sur le fait qu’en détruisant Gaza, Israël compromet non seulement sa propre sécurité à long terme, mais également l’équilibre fragile du Moyen-Orient. La violence actuelle pourrait être perçue par d’autres acteurs régionaux, comme l’Iran, le Hezbollah au Liban ou encore les milices soutenues par Téhéran, comme une invitation à intensifier les hostilités contre Israël. Ce conflit local, en apparence circonscrit à Gaza, a donc le potentiel d’embraser la région tout entière, créant des répercussions géopolitiques majeures, avec des implications pour la sécurité mondiale.

En outre, l’analyste évoque le traumatisme collectif infligé à la population palestinienne, en particulier aux enfants de Gaza, qui grandissent dans un environnement marqué par la guerre, la destruction et la mort. Ces générations, privées d’avenir et de perspectives de paix, risquent de devenir la prochaine vague de résistants ou de combattants, animés par un désir de revanche. Cette réalité compromet gravement toute possibilité de réconciliation future et rend encore plus difficile l’établissement d’un dialogue politique ou diplomatique. En ce sens, la logique de la guerre totale adoptée par Israël apparaît comme une impasse qui non seulement aggrave la situation sécuritaire actuelle, mais mine toute chance d’instaurer une paix durable à long terme.

La conclusion de cette spécialiste est sans appel : la destruction de Gaza ne peut garantir la sécurité d’Israël. Au contraire, elle pourrait bien être le catalyseur d’une nouvelle phase de violence régionale incontrôlable. La seule voie vers une sécurité pérenne passe par la reconnaissance des droits des Palestiniens et une solution politique qui offrirait à Gaza un avenir autre que celui de la ruine et du désespoir.

Crimes de guerre à Gaza : enquête d’Al Jazeera expose la brutalité de l’assaut israélien

Un appel à la mémoire et à la justice

À travers son ouvrage Le Livre noir de Gaza, Agnès Levallois a voulu documenter cette tragédie afin que le monde ne tourne pas la page sur ces événements. « On ne peut pas oublier ce qui se passe », affirme-t-elle, consciente que les horreurs de Gaza risquent d’être effacées avec le temps si elles ne sont pas consignées.

Elle conclut sur une note amère mais nécessaire : « Ce qui se passe à Gaza est un massacre. » Et face à l’absence de sanctions internationales et de véritables pressions politiques, elle exhorte la communauté mondiale à ne pas laisser cette impunité perdurer.

Israël-Iran : la guerre nucléaire, entre spéculations et manipulations !


En savoir plus sur Free Palestine

Subscribe to get the latest posts sent to your email.


Touché par cette actualité ? Partagez-la avec vos proches pour sensibiliser davantage !

100
70 partages, 100 points
La rédaction

La rédaction de free-palestine.news est composée de journalistes bénévoles passionnés et engagés, dédiés à fournir des analyses approfondies et des opinions sur le conflit israélo-palestinien, en particulier les événements tragiques à Gaza. Elle s'efforce de donner une voix aux victimes et de mettre en lumière les réalités souvent ignorées ou déformées, offrant ainsi une perspective authentique et humaniste sur la situation.

Un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Choisissez un format
Article
Texte formaté avec des intégrations et des visuels
Vidéo
Embeds Youtube et Vimeo
Audio
Intégrations Soundcloud ou Mixcloud"
Image
Photo ou GIF
Send this to a friend