Dans une interview donnée au média Alohanews, l’historien des religions et géopolitique Youssef Hindi présente une analyse profonde du conflit israélo-palestinien, en mettant l’accent sur la montée du messianisme juif et les conséquences géopolitiques sur le monde musulman. Il décrit le projet sioniste comme une continuité historique d’épuration ethnique visant à établir un État israélien conforme à des prophéties religieuses, tout en critiquant l’inaction des dirigeants occidentaux et arabes face au génocide en cours à Gaza.
Le conflit actuel : un tournant messianique
Youssef Hindi, auteur du livre Comprendre le conflit israélo-palestinien, relie les événements récents à Gaza à un projet messianique plus large. Selon lui, la montée au pouvoir de dirigeants israéliens radicalisés, tels que Benyamin Netanyahou, est alimentée par une vision religieuse de la conquête des terres palestiniennes. Il cite des déclarations récentes de Netanyahou et de son ministre de la Défense qualifiant les Palestiniens de « peuple des ténèbres » et justifiant leur extermination au nom de la réalisation de prophéties bibliques.
Hindi souligne que cette radicalisation n’est pas nouvelle, mais elle atteint aujourd’hui un point culminant avec un soutien accru d’une large partie de la population israélienne. Cette adhésion au messianisme juif contribue à l’indifférence croissante vis-à-vis des souffrances des Palestiniens, présentés comme des « animaux humains » dans la rhétorique gouvernementale.
Un projet d’épuration ethnique planifié
Selon l’historien, l’objectif sioniste a toujours été d’épurer ethniquement la Palestine pour établir un État juif biblique. Il fait remonter les racines de ce projet aux années 1870 avec les premières vagues d’immigration juive en Palestine, jusqu’aux événements actuels. Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, la violence contre les Palestiniens ne s’est jamais interrompue, culminant avec les massacres récurrents à Gaza.
Youssef Hindi relie les actions militaires israéliennes à une stratégie plus large : un projet géopolitique d’expansion qui inclurait la destruction de Gaza pour créer un canal concurrent au canal de Suez, un projet potentiellement soutenu par des puissances comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
L’échec des réactions internationales
Le discours d’Hindi souligne également l’échec de la communauté internationale à imposer des sanctions contre Israël, malgré les nombreux rapports de l’ONU qui évoquent un risque de génocide. Il dénonce l’indifférence des dirigeants occidentaux qui, selon lui, tolèrent l’épuration ethnique israélienne en raison de leur alignement idéologique avec les intérêts sionistes.
Il critique également le rôle ambigu de certains pays arabes, comme l’Égypte ou l’Arabie saoudite, qui ont normalisé leurs relations avec Israël tout en restant passifs face à la crise humanitaire à Gaza.
Réseaux sociaux et conscience collective
Un aspect central de l’analyse de Hindi est la médiatisation du conflit, notamment à travers les réseaux sociaux. Il évoque le concept de « génocide en direct », une première dans l’histoire humaine où des atrocités sont diffusées en temps réel sur les téléphones portables du monde entier. Cela aurait, selon lui, contribué à réveiller les consciences, mais sans provoquer de changement politique significatif, notamment en raison de l’influence du lobby pro-israélien.
La manipulation des causes progressistes
Enfin, Youssef Hindi évoque un autre élément clé : la manipulation de la cause palestinienne par certaines idéologies progressistes. Il critique les tentatives d’associer la lutte palestinienne à des mouvements comme le féminisme ou le mouvement LGBT, soulignant que cette instrumentalisation affaiblit la cause en la détournant de ses objectifs initiaux de libération nationale.
Il conclut en mettant en garde contre les efforts de certaines puissances pour diviser les mouvements de solidarité en injectant des éléments idéologiques étrangers à la lutte palestinienne.
Conclusion : une reconfiguration géopolitique majeure en vue
Pour Youssef Hindi, la situation actuelle à Gaza marque un tournant géopolitique majeur. Il appelle à une prise de conscience mondiale de la réalité du projet sioniste et de ses conséquences sur les peuples palestinien et musulman. Il reste toutefois sceptique quant à une issue favorable à court terme, estimant que la radicalisation des dirigeants israéliens, couplée à l’inaction des puissances internationales, pourrait mener à une escalade régionale, voire à un embrasement global.
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